Office National de Diffusion Artistique

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Orientations

2023-2025 : De la peur de perdre au désir d’agir / Pour un nouvel élan dans un contexte en transitions

Depuis 2023, sous l’impulsion de la nouvelle direction, l’Onda a entamé un processus de repositionnement de ses activités pour accompagner et mieux aider les professionnel·le·s du secteur à répondre aux transitions sociales, économiques et environnementales. La séquence de la crise sanitaire aura tourné la page du vieux XXe siècle. Elle a agi comme un révélateur sur des faits de société qui étaient déjà largement en germe avant elle. Ceux-ci viennent poser des questions perturbantes à l’action publique de la culture. Faisant le constat d’un modèle institutionnel du théâtre public en voie d’essoufflement dans ses fonctionnements actuels, l’Onda cherche par ses nouvelles orientations à accompagner les opérateur·rice·s vers les mutations qui s’imposent.

Au plan international, le contexte actuel est marqué autant par de grandes tensions que par des transformations profondes et systémiques.

D’une part des frictions sont générées par l’après-pandémie, une guerre installée en Europe, la montée des populismes dans de nombreux pays d'Europe, la polarisation des débats dans l’espace public qui en résulte, l’inflation importante et la catastrophe écologique en cours. Pour le spectacle vivant, le risque est de conduire à un repli sur soi et à un ralentissement des mobilités, qui pénalise d'autant les artistes les plus isolé·e·s et vulnérables. 

D’autre part, dans le sillage de #BlackLivesMatter et des mouvements critiques émancipateurs, de nouvelles prises de conscience et de paroles traversent la création artistique et les pratiques dans le secteur du spectacle vivant international et français.  La reconnaissance des droits des peuples autochtones et d'une multiplicité de cultures, la visibilité des pensées décoloniales et la déconstruction de l'eurocentrisme traversent les débats d'idées et transforment notre vision du monde. Ce déplacement déconstruit les rapports de force, invite à imaginer de nouveaux écosystèmes et oblige à repenser les modes de production et de collaboration.

Ces changements de perspectives nourrissent nos réflexions et agissent comme un catalyseur  pour imaginer des modes de travail plus justes et équilibrés. Si pour l’heure le spectacle vivant fait le  constat critique d'une friction entre les valeurs qu'il défend et ses propres pratiques, « faire autrement » est possible et de nouvelles modalités d'actions voient le jour dans le secteur.

D’où l’urgence pour l’Onda de faire sa part de colibri en contribuant à accompagner les transformations nécessaires du secteur. Il s’agit de convertir toutes les énergies qui relèvent de la « peur de perdre » en désir de construire. Car après tout, ce qui s’annonce à nous est encore à écrire. L’histoire de l’Onda a toujours été celle du petit caillou qui déclenche une ONDE perceptible dans l’écosystème de la culture.

Au service de ses partenaires (institutionnels, lieux, festivals et équipes artistiques), l'Onda s'est appuyé sur une méthodologie de travail ascendante et contributive pour définir les axes de son nouveau projet. A cet effet, l’Onda a organisé en janvier et février 2023, quatre journées de consultation de ses partenaires (directeur·rice·s de structures de tailles et de rayonnements différents, labellisées ou non, artistes, membres d’organisations inter-agissantes en France et à l’étranger) qui ont donné lieu à des séries de questionnements et de recommandations. Les nouvelles orientations  ont été également nourries par les  travaux de réflexion menés par d’autres organisations telles que le Syndeac,  Arviva et le plan de la Direction générale de la création artistique (DGCA) du ministère de la Culture « Mieux produire - Mieux diffuser ».

Renforcer le rôle de l´Onda pour « faire métier » et construire du référentiel commun en temps de transitions sociétales, économiques et environnementales

Créer un élan collectif

Pendant les journées de consultation, les partenaires ont exprimé un « besoin d’Onda », surtout pas comme un guichet, mais comme un endroit où « faire métier », à la fois pour croiser ses pairs, y puiser des savoirs inspirants, y discuter dans un climat de bienveillance et entretenir un dialogue « sur-mesure » avec les conseiller·ère·s sur le développement des projets artistiques.

Globalement, la crise sanitaire a été vécue comme un temps de prise de conscience d’un essoufflement du système du théâtre public tel qu’il s’articule aujourd’hui, avec un grand besoin de mutations. Si ce constat est très majoritairement partagé, les opérateur·rice·s se sentent démuni·e·s quant aux outils comme aux directions à prendre pour cette mutation et comptent sur l’Onda pour les accompagner et les encourager. Des initiatives individuelles existent, mais elles méritent d’être analysées et partagées.

Une demande de travail sur le lexique a été récurrente.

Pour l’Onda, il s’agit de veiller à faire participer au dialogue des représentant·e·s de tous types de structures, à grand comme à petit budget, au cœur ou en périphérie de l’institution et d’organiser le partage d’expérience lors de ses rencontres.


Susciter le dialogue autour des questions de sens qui se posent au « métier »

Des notions en mouvement dans la société remettent en question les usages du « métier » :

  • Nouvelles formes de démocratie qui viennent questionner l’expertise, la légitimité des choix, la place des spectateur·rice·s, la notion d’intérêt général et de communs ;
  • Remise en cause de l’universalisme et de la notion d’œuvres même qui interrogent les programmations, les contours de l’art et de la culture et crée des frictions entre l’exigence artistique et l’impératif de diversité de formes et de points de vue, entre liberté de création et instrumentalisation de l'art ;
  • Conscience de la finitude des ressources planétaires qui impose des critères comme celui de la durabilité qui peine à trouver son assise dans un art par essence éphémère et organisé dans un système public où la production conditionne la subvention, où la circulation des œuvres suppose mobilité et transport ;
  • Changement de paradigme culturel avec des générations ayant grandi avec le numérique (accès immédiat à l’information, algorithmes) qui ne remet pas en cause le besoin de rassemblement en présence, mais interroge ses modalités, voire ses rituels.

Pour l’Onda, il s’agit de créer les espaces de discussions sur ces questions, en faisant le trajet du macro (le socle philosophique et les réflexions dans différents champs (sociologiques, esthétiques, scientifiques…) au micro (les pratiques et les œuvres) et ainsi encourager les transformations des institutions.


Partager les réflexions sur les esthétiques du spectacle vivant

Traditionnellement, les rencontres de l’Onda ont pour principale fonction de réunir des programmateur·rice·s pour échanger sur les spectacles vus et en favoriser les tournées. Les transitions sociétales précitées viennent aussi ajouter de nouveaux éléments à prendre en compte dans l’appréciation des gestes artistiques et des œuvres. Les notions de diversité, d’inclusivité, d’accessibilité et de durabilité notamment, majoritairement prises à bras le corps par les artistes du spectacle vivant ces dernières années, posent des séries de questions sur l’endroit d’où et où porter le regard. Là où l’expertise portait essentiellement sur l’œuvre, il s’agit aujourd’hui de prendre mieux en compte l’ensemble des processus de travail qui créent des interactions entre l’art, des contextes et des personnes.

Pour l’Onda, il s’agit de créer les espaces qui permettent un dialogue sur les esthétiques qui ne saurait être séparé d’un point de vue éthique.

Trois axes prioritaires Favoriser les coopérations / Encourager l´innovation / Équilibrer les visibilités

Informé par le contexte en  mutations et les besoins des professionnel·le·s, l'Onda mobilise son action autour de trois axes prioritaires qui se traduisent en possibles aides financières.

 

Favoriser les coopérations

  • Entre lieux de diffusion repérés

Aujourd’hui, la notion de tournée raisonnée repose principalement sur le travail de coordination des compagnies. Il s’agit d’infléchir cette tendance en encourageant les lieux et festivals à prendre en compte le trajet des équipes artistiques. L’objectif de cette proposition est d’augmenter la durée de vie des œuvres, en même temps que de faire baisser l’empreinte carbone de la tournée et d’en mutualiser les coûts.

A cette fin, l’Onda, en partenariat avec des opérateur·rice·s allemand·e·s, luxembourgeoi·se·s et suisses, développe un outil en open-source : « CooProg ». Il s’agit d’une plateforme numérique destinée aux programmateur·rice·s pour qu’ils et elles partagent leurs projets d’invitations d’artistes en amont, avec une circulation d’emblée envisagée à l’échelle européenne.

L'Onda organise également régulièrement des visios thématiques ayant pour fonction le montage et la coordination de tournées.

La notion de coopération n’est pas restreinte à un espace régional administratif, mais peut être entendue à différentes échelles : locales, régionales, nationales, internationales. Elle n’est pas non plus restreinte à la tournée de spectacle, mais peut s’entendre comme une alliance de partenaires qui pensent un parcours raisonné d’une équipe artistique afin d’en réduire les déplacements autour d’actions de diverses natures : résidence, représentation de spectacle, éducation artistique, etc.

Dans la période actuelle de tensions budgétaires, soutenir la tournée des grands formats (à définir en contexte suivant la taille et le budget de la structure accueillante) dans toutes les disciplines, ainsi que celle des chapiteaux est une priorité. 

Dans un contexte qui peut conduire à un repli sur soi pénalisant pour les artistes internationaux·ales, l'Onda poursuivra son soutien à l'accueil d'équipes internationales.

L'Onda facilitera les contributions de pairs / programmateur·rice·s internationaux·ales pour permettre un repérage situé et régulier, complémentaire de celui effectué par les conseiller·ère·s.

  • Avec des structures atypiques

La coopération peut aussi s’entendre entre un lieu repéré et des lieux atypiques, pas nécessairement dédiés au spectacle vivant (tiers-lieux, cafés, EHPAD, salles des fêtes, services municipaux, etc.)

  • Des lieux avec les équipes artistiques

L’Onda encourage les coopérations entre artistes et lieux qui associent les équipes artistiques au-delà de la mise à disposition de moyens de production : co-programmations, co-constructions de projets impliquant des gouvernances partagées, temps de formations des équipes permanentes par les artistes.

  • De l’Onda avec ses partenaires

La coopération, voire le mode contributif, est constitutive des modalités de travail de l’Onda, qui s'appuie sur des initiatives de partenaires pour organiser ses rencontres et sur l’expertise des différents réseaux existants notamment dans le travail avec les DRACs, les Régions, les agences culturelles régionales et les regroupements de structures.

L'Onda constitue son programme en France et à l´étranger en concertation avec des professionnel·le·s menant déjà une réflexion sur les thématiques abordées.

Il travaille à l’échelle européenne et extra-européenne en s’attachant à relier les expériences menées dans d’autres pays à celles des professionnel·le·s françai·se·s.

 

Encourager l’innovation pour des œuvres créées en France ou à l´étranger 

  • Numérique / La suite d’Écran vivant

En 2021 et 2022, le dispositif expérimental « Écran vivant » a eu pour ambition de faire évoluer les pratiques numériques des artistes et des structures de diffusion du spectacle vivant. « Écran vivant » a accompagné des démarches d’expérimentation d’œuvres adaptées aux nouveaux usages numériques qui complètent et enrichissent l’expérience du spectacle vivant : production, réalisation et diffusion d’œuvres utiles à la visibilité des spectacles tels qu’un film documentaire, une web-série, une capsule vidéo, une captation de spectacle augmentée d’un contenu interactif, podcast, plateforme, application, jeu vidéo ...

Ces formats numériques permettent d'accroître la visibilité des productions (formes différentes d’une simple captation). L’Onda apporte son soutien à ce type de formats hybrides, entre création et diffusion, entre œuvre et objet de communication ou médiation.

Par ailleurs, il soutient également selon des modalités spécifiques les œuvres numériques ayant des problématiques de diffusion différentes des formats traditionnels (petites jauges, nombre accru de présentations, personnel de médiation requis, etc.) et créant  des rencontres particulières avec le public (balades sous casques, représentations avec casque de réalité virtuelle, etc.).

  • Ce qui répond au besoin de « ralentissement » et « d'ancrage »

L’Onda encourage les projets qui proposent aux artistes des temps de présence longue pour des interactions avec les habitant·e·s d’un territoire : les portraits d’artistes à l’échelle d’une saison ou d’un territoire, les reprises de répertoire, les séries. 

  • Ce qui propose de nouvelles alliances, nouveaux processus, nouvelles modalités de réception avec le public

L’Onda soutient les expérimentations que les lieux imaginent avec les artistes du spectacle vivant qui proposent des interactions avec les habitant·e·s d’un territoire et qui peuvent se tisser avec des partenaires non-issu·e·s du milieu culturel (projets parfois appelés participatifs, parfois « de territoire », parfois de médiation)

Ce faisant, l’Onda inclut dans la définition de « diffusion » non seulement les temps de représentations, mais tous les autres temps qui permettent des échanges avec le public.

  • In-situ, temps de présence sur les territoires et reproductibilité

L’Onda soutient les temps longs de reprise que nécessitent les protocoles des gestes artistiques in-situ et les projets qui se développent dans l’espace public qui n’est pas nécessairement la rue (paysages par exemple).

 

Équilibrer les visibilités

L’Onda souhaite œuvrer pour une diversité des points de vue et des esthétiques représentées. Il soutient donc certaines formes dites « minoritaires » - celles moins représentées sur les scènes françaises et les endroits dédiés à la représentation - pour prévenir le risque de leur exclusion en temps de tension budgétaire.

  • Les esthétiques minoritaires pour des œuvres créées en France ou à l´étranger

Il s'agit notamment de la musique expérimentale ou dite « de création », des créations en espace numérique et des formes expérimentales ; auxquelles peuvent s’adjoindre des œuvres issues de territoires peu représentés (à titre d’exemple, les spectacles corses dans le reste de la France).

  • L’entrée dans le métier pour des œuvres créées en France ou à l´étranger

Entrer dans le métier demeure une gageure pour de jeunes équipes. L’Onda encourage les lieux qui soutiennent la jeune création en lui assurant une visibilité longue, soit par une série de représentations dans un même lieu ou un engagement à une présence artistique au cours d’une saison, soit par une série en coopération avec des partenaires de diffusion.

  • Les artistes qui créent avec un moindre accès aux ressources et aux réseaux

Signataire du pacte de visibilité des artistes ultramarin·e·s produit par le ministère de la Culture et le ministère chargé des Outre-mer, l’Onda apporte un soutien prioritaire à la circulation des œuvres et des artistes issu·e·s des territoires français ultramarins.

Il apporte également un soutien attentif aux artistes en déplacement forcé dits « en exil », comme aux artistes qui créent dans des pays en état de crise politique ou aux économies précaires, en particulier ceux du Sud global ainsi que de l’Est de l’Europe.

  • L'accessibilité du spectacle vivant pour tou·te·s, en encourageant les actions qui permettent des expériences de spectateur·rice partagées le plus largement possible. L'Onda apporte un soutien à l'audiodescription, à l'adaptation en langues des signes et à la traduction adaptée. Il soutient également les œuvres créées par des artistes en situation de handicap.

Produire et partager la ressource

Dans le passé, l’Onda a développé une culture du faire, du réagir et de l’oralité. Cependant, dans le contexte présent, il apparaît souhaitable qu’il se dote des moyens de formaliser le savoir et les ressources créés par les échanges entre professionnel·le·s du spectacle vivant lors des différentes rencontres auxquelles ils·elles participent et de les partager.

Ce partage se déploie notamment à travers un nouveau site internet pensé comme un média et un outil contributif du métier.

 

 

Grâce à ses outils numériques, l'Onda met l'accent sur :

  • le partage d'informations concernant l’organisation de tournées ;
  • des retours / journaux de bord de ses rencontres thématiques et de repérage en France et à l’étranger ;
  • le partage de bilans et réflexions sur les actions menées ;
  • le partage d'expériences singulières et inspirantes menées par des professionnel·le·s en France et à l'étranger en lien avec les axes prioritaires ;
  • la mise en ligne de ressources à l’international (notamment en partageant l’identification de référents par grandes zones) ;
  • un lexique du spectacle vivant autour de termes génériques et des métiers, sous forme de contributions des professionnel·le·s.